Safnat Panea :
Cher ami,
Mon silence est toujours laborieux; et mon bonheur ô combien il est intense! Et toujours mes bonheurs sont les sueurs de mes labeurs. A présent que je vous livre tout ivre ces lignes, mon cœur sera fort agréé de considérations et d'estimes si vous tenez ces lignes pour une lecture à la lumière de ma tâche et de mes nombreuses lectures. D'entrée mon coeur s'élève jusqu’à votre hauteur, chargé de mille signes qui scintillent. La nature est syndromes et symptômes; vous le savez et je m'en réjouis fort agréablement. Mais il me semble que vous n'avez pas saisi les implications d'une telle vérité.
" A quoi bon inventer et interposer des mondes ou réalités entre notre genre d'existants et le monde?" vous indignez-vous ainsi sous le titre LA SOUFFRANCE ET LA MORT. Justement il vous fallait saisir que l'humain n'est pas un
genre mais une espèce. Depuis que nous savons par Spinoza que l'homme agit au nom d'une certaine nécessité intérieure, puis par Husserl que la conscience est rapport à l'extérieur - ce que je refuse d'appeler déterminisme dans la mesure où ma langue, dépouillée de corruption, est l'onction de celle de Spinoza et de Husserl qui admettait la superstition, la bêtise, la connerie du libre arbitre - nous qui sommes les fruits d'une frutescence, nous savons non seulement que
la nécessité intérieure est l'homme vrai de vrai mais également, mieux que Husserl, que ce n'est pas la conscience qui est extériorité, mais la nécessité intérieure, l'homme vrai de vrai, et mieux que vous, nous ne saurons tenir la conscience pour un pur agir existentiel du cerveau; celui-ci étant une minuscule partie d'un tout fonctionnel harmonieux qui moule et enrôle le cerveau à la volonté de cette totalité.
La conscience ne saurait procéder du cerveau. Car comme le dit mon ouvrage, dont vous connaissez mon sentiment en son encontre, L'HOMME ET SON SILENCE: " Ma volonté c'est l'extérieur puis les hauteurs" Aucune volonté ne saurait être consciente; elle est toute l'expiration (aspiration) de la totalité qu'est l'homme. Illusion et mensonge est la volonté consciente. En clair l'homme est passé du genre à l'espèce; et la nature humaine l'empêche de retourner au genre, à la santé du genre. Elle le maintient, comme le dit L'HOMME ET SON SILENCE " à l'état d'une existence intérieurement existante" alors que son absence ferait de l'homme une vie, ce parfum toujours flottant vers les cimes et jamais dans les abîmes. L'homme n'est pas un vivant; c'est une vie. Ce sont les organismes et le corps qui sont vivants. La vie est vivante; en termes populaciers
l'homme est une vie qui vit c'est-à-dire absolument et pleinement vie. C'est donc l'homme qui fait vivre les parties de son corps et non l'inverse comme veut nous le faire croire la science et ses éternuements. Dire que l'homme ou l'animal est vivant, l'aberration est excusable mais c'est déprécier la notion de vie et se donner les chances de ne jamais la connaître. En plus la vie n'est pas animation, cette dernière n'étant que conséquence et non but. Puisque la vie est tout simplement vouloir conjugué à pouvoir. Et parce que l'homme est vie, il est rapport à l'extérieur. Le cerveau est servant de la totalité et la conscience ne procède pas du cerveau; elle procède seulement de ce qui veut aller toujours et toujours entrain d'aller vers les hauteurs. L'homme, tel que je l'ai toujours perçu, total et un, ne saurait être réductible à un ensemble de fonctions ou de parties biologiques. Car ce que j'appelle expression de vie, ou en empruntant plus clairement votre langue pur agir existentiel de la vie, c'est ce que les biologistes et les ethnologues appellent instincts, c'est-à-dire de la façon la plus confuse possible. J'appelle instinct, et c'est seulement dans ce sens que je l'ai utilisé dans JESUS EXTRAIT DES EVANGILES, ce penchant non pas naturel mais nouveau et parfaitement autonome né suivant ce que L'HOMME ET SON SILENCE appelle "la culture de la nature" et que Konrad Lorenz appelle "ritualisation phylogénétique". Ainsi que le dit Konrad Lorenz " Ce qu'il faut montrer ici, c'est le fait particulièrement important que le processus de ritualisation phylogénétique fait naître, dans chaque cas, un instinct nouveau et parfaitement autonome, en principe aussi autonome que chacune des pulsions dites grandes: instinct d'alimentation, d'accouplement, de fuite, d'agression" Les divisions connement scientifiques de l'homme ont jusque-là été le meilleur masque pour ne pas saisir l'homme, et même l'animal. Par ailleurs les valeurs auxquelles vous vous opposez sont des produits ratés de l'évolution. Et à l'intérieur de cette espèce humaine bâtarde et moucharde, une sélection intaspécifique, suivant les terme de Konrad Lorenz, nuisible a connu un essor fulgurant grâce à la philosophie et à la science. Vous vous indignez à raison, mais vous ne faîtes pas mieux en vous indignant. Aussi longtemps nous autres les nouveaux saints, porteurs de cette nouvelle christologie, nous opposerons au vieil évangile, nous serons dans une posture de combat qui nous noiera des yeux du soleil. Comme je le disais tantôt, la nature a sa culture, c'est-à-dire que le processus phylogénétique de la ritualisation crée un nouvel instinct autonome qui agit, en tant que force indépendante, sur le grand ensemble de toutes les motivations instinctives ou vitacratique - mot que j'ai créé - Et selon Konrad Lorenz " Sa fonction, à l'origine, est toujours de transmettre un message, une communication. Il peut donc pallier les effets nocifs de l'agression, en poussant les membres d'une même espèce à se comprendre mutuellement." Contre la petite intelligence de Kant, ce ne sont pas les impératifs catégoriques dictés par la raison humaine qui régissent l'organisation d'une communauté. La nature a sa culture; par conséquent les valeurs judéo-chrétiennes défendues par Jean Staune témoignent ce que j'ai toujours pensé des universitaires, toujours des écrivains mais jamais des penseurs. Encore une fois, et au risque de me répéter, " L'intelligence humaine est caractérisée par une incompréhension naturelle de la vie." dixit Bergson. Et Oscar Wilde me signifie ô combien je suis un astre, moi qui suis capable d'écrire sans la raison et la conscience du cerveau: " Mais la beauté, la beauté réelle, finit où commence l'expression intellectuelle. L'intelligence est, par sa nature, une sorte d'hypertrophie; elle détruit fatalement l'harmonie du visage." Je comprends pourquoi je reste toujours aussi charmant en dépit mes longues nuits blanches. J'écris sans intelligence, du moins avec une intelligence d'un degré supérieur.
Pour réagir par rapport à votre concept du philosophe, je voudrais dire tout simplement que vous ignorez beaucoup de l'ordre existentiel, comme par exemple que le travail est foncièrement étranger à l'ordre existentiel, comme aussi vous ignorez que la nature a sa culture. Etant donné que le travail est exclu de l'ordre existentiel, je ne peux que m'insurger contre votre concept du philosophe:
"La philosophie ne devrait ni ne doit aucunement servir à créer, inventer des mondes ou réalités, d'autres natures, mais plutôt à lire la réalité existentielle et nous avec afin de savoir nous amener à faire un avec, mais non à la haïr et à la fuir" La lecture est un travail, c'est-à-dire que elle exige la présence active de la raison. Le philosophe lecteur n'est pas un penseur; et l'exemple le plus illustratif nous vient d'Aristote; il appelait les présocratiques des "physiologues". L'avant-propos de mon belliqueux ouvrage JESUS EXTRAIT DES EVANGILES est sec, translucide et limpide à ce niveau. Héraclite n'est pas un penseur, dit-il. Héraclite est pour ainsi dire, ajouté à Nietzsche et Marx, le plus grand lecteur de notre humanité intelligente. Comment expliquez-vous mes errements? Je suis un descendant de Dionysos; la philosophie m'habite et m'agite. Pour reprendre encore vos mots qui disent mieux que les miens, la philosophie est un pur agir existentiel de la vie que je suis.
Jubil Boissy:
« L’intérieur humain »
Il n’y a pas d’intérieur de l’humain comme espace, milieu localisé ou circonscription.
Ce que l’on essai d’interpréter d’intérieur de l’homme n’est plutôt que l’expression unifié d’une concordance de toutes les « présences » dans le corps qui se laissent sous la contingence et le devenir menées par l’affirmation existentielle d’une seule « présence » pour le profit de tout le corps entier ; il en est d’ailleurs ainsi tout le temps.
Et c’est dire que là quelque chose comme le Langage, la Pensée, la Raison n’y ont aucunement pas leur place car ils sont contre nature puisqu’ils ne servent qu’à mutiler et défigurer cette nature ou réalité même en l’occurrence celle de notre espèce comme vous le dites (Safnat Panea).
Toujours est-il que l’humain n’est ni une espèce ni un genre.
(Cf. deuxième ouvrage de Jubil Boissy)
Genre et Espèce :
Pour le néo-existentialiste peut importe l’appellation collée au phénomène dont parasite l’humain dès l’instant qu’il n’est plus appelé humain.
Lecture et Ecriture :
« Se mettre à lire le Monde ou sa Réalité d’Animation pêle-mêle pour alors ne faire que se laisser aller à faire un avec mais non se mettre à vouloir réécrire le Monde ou sa Réalité pêle-mêle pour en inventer d’autres… »
La lecture n’est que l’écho verbal de ce qui se passe autour de nous. Elle ne déforme rien, n’invente rien et ne demande point de jouer au génie ou savant créateur.
Elle appelle seulement le corps à répondre à l’extérieur environnant selon ce qui se manifeste et s’impose en lui le corps au moment de cette lecture.
Elle ne dit jamais d’enjamber cela ou de le refouler pour inventer autre chose qui ne relève pas absolument du corps.
La lecture est un simple passage en revue de ce qui environne.
Elle ne demande pas ni n’engendre point quelque chose comme la raison.
L’écriture, quant à elle, au lieu d’être une fidèle ou pertinente réponse à faire un avec ce qui se passe, l’humain en fait une manœuvre à faire engendrer des mensonges et illusions d’où relève le phénomène même de la raison.
La lecture ne mutile rien, elle ne recherche point à contenir ce qui se laisse lire.
En revanche l’écriture, elle, veut toujours s’approprier tout ce qu’elle touche, elle procède toujours par sélection donc par mutilation, elle ne dit jamais tout et elle se plait à inventer de surcroît.
L’écriture est par excellence le domaine de la raison.
Vouloir et Pouvoir :
Parler de vouloir et de pouvoir c’est presque faire un pléonasme car c’est tout simplement nommer différemment le phénomène « d’agir existentiel. »
Dès lors le vouloir ne traduirait que notre agir existentiel dans le troisième mode de déploiement de la conscience-agir tandis que le pouvoir se situerait dans le premier mode pour n’y traduire que notre agir existentiel.
La conscience :
Quand le néo-existentialiste parle de la conscience il faut se garder pour vous les autres de révoquer dans votre tête le sens classique ou étymologique du terme « conscience » (« cum-scientia » ou « avec-connaissance »
.
C’est par simple commodité que le néo-existentialiste a accepté de reprendre ce même terme de « conscience » mais cette fois-ci pour « l’existentialiser » en le dépouillant de toute empreinte humaine d’où ce terme ne peut aucunement plus signifier « cum-scientia » pour désormais non pas signifier mais apparaître en tant que « agir existentiel » comme seconde caractéristique existentielle fondamentale.
Le néo-existentialiste ne définit point la conscience mais la révèle comme jamais cela n’a été le cas jusqu’ici.
Le néant : (rajout)
Le néant, le regard ne peut aucunement le voir et aucun autre sens organique ne peut le détecter. Et sans l’entremise des sens organiques la conscience ne peut aucunement voir ou se rapporter à quoi que ce soit en dehors de son troisième mode de déploiement en tant qu’affirmation existentielle. (Cf. troisième ouvrage de Jubil Boissy)
Et dans ce troisième mode elle n’élabore ou ne se rapporte qu’à des images et uniquement à des images.
Or le néant ne peut aucunement se donner en image de peur de n’être plus du néant.
Le néant, si m’en croyiez, ne peut aucunement exister tout simplement.